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jeudi 2 juin 2011

Thanatos, une pulsion de liberté et non de mort selon Herbert Marcuse

Le philosophe Herbert Marcuse
 Thanatos, très souvent appelée pulsion de mort dans la psychanalyse freudienne, est en fait, une autre source de définition de l’identité de l’individu, dont la fonction n’est pas tant, d’attaquer, de détruire, de tuer comme on l’a répété à souhait ; cela dans le but peut-être de mieux embrigader l’individu. Il faut peut-être se demander sur quelle force la société industrielle de domination s’appuie lorsqu’elle lance l’appel à combattre “l’Ennemi’’, si ce n’est certainement la pulsion de mort ? N’est-ce pas grâce à elle qu’on transforme des jeunes en militaires pour tuer d’autres jeunes, qu’on fabrique des bombes pour détruire des vies et des infrastructures, pour faire face à toute sorte de menaces réelles ou inventées ? Pourtant, c’est toujours cette pulsion qui est tout de suite rejetée quand un individu s’en réfère pour pouvoir s’exprimer comme il l’entend, pour revendiquer, protester, mettre en mal l’ordre établi et faire naître un nouveau mode de vie. Si l’on n’est pas dans des cas pareils traité d’anarchiste ou de vandale, on est considéré comme un bon à rien, qui ne sachant que faire de sa vie, passe son temps à dire des choses qu’il est seul à comprendre. On met dans ce lot, les jeunes qui s’inquiètent pour leur avenir en déclenchant quelques émeutes, les étudiants qui font des grèves pour exiger des meilleurs conditions de travail, des sans emplois, des minorités, des immigrés qui prennent la rue pour exiger des perspectives d’avenir plus reluisantes. La liste n’est pas exhaustive. Des femmes qui décident de ne plus se taire, dénoncent tous les abus dont elles sont victimes et réclament par ailleurs un monde plus équitable et plus juste. Il faut aussi ajouter à titre d’exemple, tous ces alter mondialistes dont le cri de cœur ne cessent d’être chaque jour plus strident pour dire non à l’étouffement que la société capitaliste de domination fait subir au monde, ces jeunes des pays en voie de développement dont les actions sont traitées de patriotiquement dangereuses ; comme s’il y avait subitement une autre définition du mot patriote. Thanatos, comme nous essayons de le prouver n’a donc rien à voir avec cet instinct essentiellement destructeur qui balaye tout sur son passage et qu’il faut tout faire pour le maîtriser, pour le ligoter. Cet autre instinct qui constitue l’un des composants essentiels de la définition du psychisme humain semble plutôt constituer une sorte d’agressivité contre l’agressivité instrumentale et injustifiée de ce monde industriel. Thanatos nous renvoie donc, à l’état naturel de l’homme qui n’est pas forcement sauvage comme la société industrielle de domination n’a eu cesse de vouloir le faire admettre. Or, le capitaliste semble très souvent ne pas faire sien l’idée d’une liberté totale parce que cela mettrait en péril son existence de système contraignant et exploitant. C’est pourquoi, la meilleure façon pour la psychanalyse d’aider la société c’est de précisément contribuer à aider la liberté.
La psychanalyse, tant qu’elle ne se limite donc pas à vouloir coûte que coûte réintégrer l’individu dans cette société malade d’un monde construit sur la domination et quand elle aura réellement décidé de jouer son rôle afin de libérer le psychisme humain, contribuera sans nul doute à apporter l’apaisement et l’épanouissement dont a besoin notre monde. Car, dans le fond, les conflits naissent certainement de l’intention incompréhensible de vouloir changer la nature réelle des choses. Quand cela se produit, nous nous retrouvons d’une façon ou d’une autre devant une sorte de monstruosité que nous pensons contrôler mais qui en fait, finit par nous détruire chaque jour un peu plus.
Il faut nous faire en effet, à l’idée une fois de plus, que Thanatos ou instinct de mort, soit bien loin de ce que nous avons toujours cru et qu’il est certainement plus proche d’Eros que nous ne pouvons l’imaginer. On peut pour cela, d’ailleurs se demander si ce n’était pas le cas, comment est-il possible pour un individu d’être autant tiraillé, toute son existence durant, par deux entités qu’on dit antagoniques et qui pourtant “cohabitent’’ en lui. La vérité, c’est sans doute que, Eros et Thanatos sont plus proches qu’on ne peut le penser. Tout simplement parce que, comme l’affirme Marcuse « l’instinct de mort opère sous la direction du principe de Nirvâna : il tend vers un état de « satisfaction constante » où aucune tension n’est ressentie, vers un état sans besoin (…) l’objectif fondamental de l’instinct n’est pas la cessation de la vie, mais celle de la douleur, l’absence de tension (…) le principe de plaisir et le principe de Nirvâna convergent alors. »
Il nous est donc possible de garantir un meilleur monde si notre première tâche ne consiste pas à tout dénaturer. Les souffrances que nous endurons sont donc en partie dues à une manipulation technologique à laquelle nous semblons avoir été bien entraînés. Pourtant, que d’avantages aurions nous à tirer d’une meilleure lecture des choses, à l’image même de la nature dans laquelle nous vivons et qui est en fait pour nous une source intarissable de bien-être. 

Publié par Amson sur shvoong.com

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